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C’est en 2015 que DeeWee a introduit les tickets de caisse intelligents, anticipant (non sans vision) la fin programmée des tickets imprimés. Mais après avoir réinventé le concept du ticket de caisse, la startup a dû faire face, comme tout le monde, à l’adversité de la crise sanitaire… En réponse, la jeune pousse du Val-de-Marne a opéré un revirement stratégique osé : se recentrer sur le commerce de proximité, remettant en question le fondement même de son modèle économique. Elle a eu raison…

Ruoyun Liu, l’ambitieuse visionnaire qui voulait révolutionner le ticket de caisse

Dès 2015, Ruoyun Liu voyait clairement la fin programmée du ticket de caisse imprimé. Après être passé chez Huawei et ZTE, l’ingénieure décide de lancer sa startup, DeeWee, en 2015. Son idée ? Combler le fossé entre la fidélisation du commerce en ligne et celle du commerce en magasin grâce à un ticket de caisse nouvelle génération, intelligent et intégré à des programmes de fidélité. Fin 2019, DeeWee était d’ores et déjà sur de bons rails, les investisseurs se bousculant à sa porte, séduits par la promesse d’un concept alors inédit. Ce fut aussi le cas d’un grand groupe de la restauration, qui a montré un vif intérêt pour le produit.

Tout allait bien donc… jusqu’au moment où la pandémie a frappé, chamboulant avec elle cet élan résolument prometteur. « Nous étions en plein essor avec un projet pilote, puis les magasins ont fermé. Les investisseurs étaient motivés par la perspective de ce contrat, mais le client n’avait plus de visibilité et c’est tombé à l’eau. Et nous arrivions au bout de la trésorerie », raconte, avec une pointe d’amertume, la fondatrice de DeeWee.

Face à la crise, DeeWee opère sa mue

Quatre années d’efforts, de travail acharné menacées de disparaître dans le tumulte de la crise sanitaire. Pour Ruoyun Liu, l’idée même d’abandonner DeeWee était inenvisageable. Alors, quelle voie suivre pour continuer l’aventure ? La réponse lui est venue de manière pour le moins… inattendue : l’Union des commerçants de Beaune, située en Côte d’Or, l’a recontactée. Ces commerçants, cherchant à moderniser leur dispositif de fidélité, se sont tournés vers DeeWee. Pour la startup, c’est une bouffée d’oxygène, une opportunité d’évoluer, de diversifier ses services. « Cette commande nous a permis de réutiliser tout ce que nous avions déjà développé en back-office pour la gestion des données des clients, des commerçants, et de le déployer rapidement, entre les deux confinements », explique-t-elle avec une énergie retrouvée.

Car il faut rappeler qu’en période de pandémie, les commerces de proximité ont dû, eux aussi, s’adapter, explorer de nouvelles voies comme le click and collect pour contourner les fermetures de magasins comme l’explique la Confédération des commerçants de France soutenus pour de nombreuses organisation comme la Semmaris par exemple. Il fallait surtout repenser leur stratégie de fidélisation au-delà de l’accueil en magasin, en s’appuyant sur les possibilités offertes par le marketing digital. C’est dans ce contexte que DeeWee, forte d’une équipe de six salariés, a su se réinventer. La startup a en effet saisi l’opportunité à pleines mains, notamment en remportant un appel d’offres par une intercommunalité en Alsace. « A Saverne, près de 5 000 habitants, soit la moitié de la population, utilise l’application que l’on a mise au point. Le service comprend notamment une carte fidélité qui offre deux heures de stationnement gratuit, une carte-cadeau territoire, une marketplace locale », explique Ruoyun Liu.

Mais si DeeWee a profondément revu son modèle économique, en troquant sa cible originelle (grandes sociétés) pour les collectivités territoriales, une chose reste inchangée : son ancrage dans le Val-de-Marne !